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Sécurité, retour aux priorités – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Septembre 2022

La sécurité intérieure du pays est-elle en train de se hisser au top des priorités du gouvernement ? Il me semble. On respire et on applaudit. Il était temps.  Non que le pouvoir d’achat ne soit pas un sujet important, non que le prix du litre d’essence soit un sujet secondaire. Mais tout de même, nous avions tous l’impression que l’insécurité en France était reléguée au second plan alors qu’une urgence s’impose. Fallait-il un remède de cheval ? Oui, il le fallait. Car depuis la phrase assassine d’Eric Dupond-Moretti, sur « l’ensauvagement de la France » parlant de simple sentiment d’insécurité ressenti par les Français, on se disait qu’il n’y avait plus grand-chose à attendre. C’était en septembre 2020 ! Finalement, comme pour la politique du nucléaire, (hier contre, aujourd’hui pour), le gouvernement passe à l’action et met le turbo. Mais entre-temps, combien de délits banalisés combien de rodéos, de refus d’obtempérer, de morts qui s’additionnent chaque jour dans les rues (si j’écoute bien CNews), combien de vols de montres, d’incivilités et de trafics qui viennent pourrir au quotidien la vie des citoyens ?
Le gouvernement met le paquet. Et on applaudit. 
Elisabeth Borne a présenté son plan d’action lors du conseil des ministres du 7 septembre. Elle promet de doubler la présence des forces de l’ordre dans l’espace public d’ici à 2030 et d’accroitre les moyens destinés aux grands évènements. On pense aux JO 2024.

L’Etat prend enfin conscience qu’il est urgent de passer à l’acte avec 8500 postes de policiers et gendarmes supplémentaires dans les cinq ans, dont 3000 dès l’an prochain. Plus d’argent aussi, 15 Mds d’euros supplémentaires sur 5 ans.

Quel aveu ! Le pouvoir se dote d’une vraie vision sur le long terme avec la création de 11 unités de forces mobiles et 200 nouvelles brigades de gendarmerie.
Mais je reste sur ma faim quand je regarde la part laissée au continuum de sécurité. 

Et je m’aperçois aussi que le projet Lopmi (loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur) a été raccourci de moitié. Il manque 15 articles par rapport à sa première version.

Et je ne vois plus cette réforme de la Police judiciaire, certes controversée mais qui avait toute son utilité. Rappelons-le : Plus de simplicité en plaçant tous les services de police d’un département sous l’autorité d’un seul Directeur départemental de la police nationale.

Rien non plus sur l’expulsion des étrangers délinquants. Ce volet sera placé dans une autre loi exclue de la Lopmi.

Et puis le volet consacré à la sécurité privée semble bien laissé au deuxième sous-sol des priorités gouvernementales.

Est-ce normal ? Voilà une force active et effective, forte de de 12 000 entreprises qui peut apporter son soutien et son renfort aux forces publiques. L’Espagne a su jouer cette carte et se positionne aujourd’hui comme le pays le plus efficace en termes de surveillance du territoire. Je n’oublie pas ce rapport d’Alice Thourot et de Jean Michel Fauvergue qui avaient formulé 78 propositions dans un rapport paru en 2018. Qu’avons-nous fait depuis 4 ans ? Pas grand-chose. Le « grand » continuum de la sécurité reste un vœu pieux, qui fait son chemin à une vitesse de sénateur.  L’organisation prochaine de deux événements sportifs majeurs devrait accélérer les prises de décision. Je mets mon espoir dans le recours à cette force privée dont il serait bien regrettable de se priver. 

 Le regard d’Éric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Directeur de la rédaction : Alexandre Carré