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Sécurité privée, robots en vue – Le Regard d’Eric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Mai 2023

Je découvre que l’armée va recourir aux robots pour renforcer la défense nationale. Une journée professionnelle a été organisée sur un terrain militaire près de Versailles, à Beynes dans les Yvelines.

L’armée de terre y a présenté plusieurs projets en matière de drones et de robots terrestres. Le but étant de protéger l’humain de toute attaque ou de blessures lors d’un conflit. Quel progrès ! Tout cela bien sûr n’est pas pour tout de suite. Le programme Vulcain doit se dérouler jusqu’en 2040 et prévoit de sérieux investissements pour développer les drones de demain et les kamikazes téléguidés. Certains drones par exemple pourront transporter jusqu’à 35 kg de grenades. Derrière tout cela, il y a la volonté d’assurer la sécurité des hommes et des femmes engagées dans un conflit. Et cela bénéficiera à l’armée, puis dans un second temps à la sécurité publique et à la sécurité privée. J’ai demandé au GES, Groupement de Sécurité Privée, si cette perspective était crédible. Cédric Paulin qui est également chef d’entreprise répond oui.

LE ROBOT SURVEILLEUR, POUR QUAND ?

Sans doute pas pour tout de suite car il y aura de gros investissements à réaliser. Et puis, si robotisation il y a, il sera nécessaire de répercuter le coût sur les clients. Pas sûr que cela passe facilement. Il faudrait aussi former l’humain à la surveillance des machines. Car le robot seul ne servirait à rien si l’œil humain n’assure pas un décryptage précis de la situation et déclenche ensuite l’ordre d’agir. C’est ce que l’on appelle la robotique collaborative. Le robot surveilleur n’est donc pas pour demain.

Pourtant, certaines entreprises veulent accélérer le mouvement.

VERS DES RONDES ROBOTISÉES

Securitas, par exemple, propose déjà dans son offre de service des rondes robotisées. On connaît aussi dans les aéroports, les engins de déminage entièrement automatisés qui mettent l’être humain à l’abri du risque d’explosion lorsqu’une valise est abandonnée. Tout cela n’est qu’un début et va aller crescendo. On parle de plus en plus de télé-interpellation. Il s’agit là de robots, dotés de haut-parleurs capables d’éloigner des intrus dans des entrepôts. La vérification de clôtures électriques se fera aussi par contrôles robotisés, le but étant de surprendre l’ennemi et de le dissuader d’entrer dans des lieux sensibles, ce qui se fait déjà dans des centrales nucléaires. Lever un doute, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Voilà le rôle du robot au service de la sécurité. Tout cela n’est pas de la science-fiction mais une réalité et l’univers de la sécurité en sera le grand bénéficiaire. L’intelligence artificielle va apporter un nouveau type de services où la machine sera assistée par le cerveau humain. Le groupe Talan, que j’ai interrogé récemment, apporte une nouvelle expertise dans ce domaine et conseille aux entreprises d’intégrer cette évolution dans leur plan stratégique.

LE SURVEILLANT DÉSHUMANISÉ ARRIVE AUX USA

Aux États-Unis, le recours aux agents de sécurité robotisés s’accélère. L’entreprise Knightscope basée dans la Silicon Valley commercialise actuellement un surveillant déshumanisé qui répond au nom de K5. Il faut le voir évoluer la nuit dans les centres commerciaux (là-bas, on appelle cela des malls). Ils sont de plus en plus utilisés dans les entrepôts où ils observent les travées sans interruption. D’après les chiffres qui m’ont été communiqués, ils ont fait chuter de 46% les crimes et délits dans les lieux qu’ils surveillent.

En France c’est la société Goron qui est l’une des premières à développer la surveillance désincarnée. Avantage, ces robots à la tête conique travaillent 24 heures sur 24. Ils ont des yeux qui scrutent à 360 degrés et ressemblent à de véritables petits hommes. Ils mesurent 1,50 mètre de haut et complètent le travail de leur collègue humain.

LA NATURE N’A PAS DIT SON DERNIER MOT

Pourtant, le robot ne fera pas tout. Et la nature n’a pas dit son dernier mot.

En France, les entreprises de sécurité privée viennent de décrocher une autorisation inédite, attendue depuis longtemps et qui va générer de nouvelles opportunités de business. C’est la détection d’explosifs assistée par des… chiens. Et là, on ne parle plus de robots mais de truffe canine, plus efficace que les circuits imprimés.

Cédric Paulin, secrétaire général du GES me confirme bien que 200 agents cynophiles vont être formés et recrutés dans l’univers de la sécurité privée pour répondre aux alertes de déminage. Aurait-on trouvé mieux que le robot ? Sans doute oui. Pour les opérations de détection d’explosifs, les méthodes du vivant resteraient plus efficaces que le High Tech !

Grâce à la truffe canine, les entreprises du privé vont accéder à un nouveau marché. Mais ce marché restera limité car, comme le dit le GES, cela restera un marché… de niche !

Il y a donc de la place pour tout le monde dans ce grand marché de la sécurité qui va continuer de croitre tant les besoins se multiplient.

Éric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard & Sébastien Guénard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Éditeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe