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Sécurité : maintenant, il faut agir – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Juin 2022

Des nouveaux blocs politiques ont émergé à l’Assemblée. Et si cet énorme bouleversement était une chance pour la France ? Peut-être les médias ont-ils eu tort de dire un peu trop vite que la France allait devenir ingouvernable. Car après cinq années de « pouvoir mono décisionnaire », le pays va devoir passer en mode stéréo où les deux droites se retrouvent sur bien des points. Et cela est sûrement une grande chance pour la France.  

Je veux parler de la question sécuritaire qui est l’une des priorités du pays (pour moi, plus que le pouvoir d’achat). Cette question majeure se retrouve désormais poussée par deux forces politiques. Une droite républicaine classique qui ne se fait plus entendre depuis longtemps, et la nouvelle droite plus radicale, qui va pouvoir agir sur l’accélérateur du changement. 

Entre les deux, un pouvoir central qui se retrouve mis au pied du mur et qui va devoir accepter les compromis.

LES COMPROMIS DOIVENT INTÉGRER LA QUESTION SÉCURITAIRE

Mais ces compromis indispensables à la bonne marche du pays doivent intégrer la question sécuritaire. Ils doivent traiter le thème du continuum.

Rappelons la situation. Valérie Pécresse candidate à l’élection a toujours soutenu l’idée du continuum de la sécurité, rappelant qu’il fallait aller encore plus loin, investir dans la vidéo protection et l’armement de certaines polices municipales. Personne n’a oublié la visite de Sartrouville en 2021 au cours de laquelle, Valérie Pécresse avait rappelé l’énorme effort déployé par la Région Ile-de-France pour soutenir les polices privées et les équipements en vidéo protection. Mais quelle déception lorsque le 17 février 2022, le Préfet de Région a demandé à la candidate des Républicains de renoncer au financement des polices municipales et aux brigades de sécurité privée pour les lycées. Un coup dans le dos du continuum. 

Qui s’en souvient ? « Aucun texte ne peut fonder juridiquement le subventionnement par le conseil régional d’équipements de polices municipales », écrivait alors le Préfet Marc Guillaume.
Déception. Et voilà ce qui doit changer.

POLICE MUNICIPALE ARMÉE DANS LES VILLES DE PLUS DE 10 000 HABITANTS ?

Quant au RN, c’est carrément l’obligation de créer des polices municipales privées dans les villes de plus de 10 000 habitants qui est à l’ordre du jour. Une mesure qui avait été proposée par François Fillon 5 ans plus tôt ! Et l’on se dit quel temps perdu ! Alors que l’insécurité n’a fait que de croître en France depuis 2017. On aimerait dire « mais qui a peur du continuum » ? Faut-il encore laisser les bandes évoluer et prospérer dans nos quartiers ? Faut-il lire et relire la Une du journal Le Parisien de vendredi dernier 24 juin, où l’on apprend que le Trocadéro à Paris et les abords de la Tour Eiffel sont aujourd’hui aux mains des gangs qui attaquent les touristes ?

Quand on parle d’insécurité en France, on se souvient hélas du « mauvais mot » d’Éric Dupond-Moretti sur le simple sentiment d’insécurité ressenti par les Français. Une grosse erreur que de sous-estimer le mal. 

Aujourd’hui : Gérald Darmanin apparaît toujours comme le maillon faible d’une politique qui devrait être plus exigeante en matière de sécurité publique. Et c’est vraiment parce que la question du pouvoir d’achat est devenue la priorité des Français, que la sécurité est passée au second plan.

D’ailleurs, il suffit de parler avec les policiers ou les douaniers.

Vous ne me croirez pas si je vous dis que dans le TGV Paris-Reims que j’empruntais jeudi 16 juin au matin, un migrant s’était caché dans le wagon. Il était facile à repérer avec son baluchon. Trois hommes l’ont questionné puis lui ont demandé ses papiers qu’il n’avait pas. Pas plus qu’il n’avait un billet de transport. Au bout de dix minutes, les douaniers qui avaient fini par mettre leur brassard, sont partis inspecter le reste du train. En passant à ma hauteur, leur ai demandé pourquoi ils n’avaient pas arrêté le sans papier et pourquoi ils ne lui avaient pas ordonné de quitter le train. Ils m’ont répondu qu’ils n’en avaient pas le droit et qu’ils pourraient même se trouver accusés d’avoir bousculé le migrant et d’exercer une possible violence à son endroit. Voilà qui illustre l’impuissance de la France dans ce domaine. Ne rien faire et laisser s’installer l’insécurité.

Je pense aussi à ce qu’a dit Christian Jacob, le patron des Républicains qui a rencontré le Président Macron au lendemain des élections. 

LR EXIGE DE MACRON DES PROPOSITIONS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ

Et d’ailleurs, Christian Jacob ne s’est pas privé d’attaquer l’ancien premier ministre Edouard Philippe, qu’il juge également responsable du déclin de la France en matière de sécurité publique.

« Edouard Philippe est celui qui a tout cédé aux casseurs et aux voyous ».

Cette phrase aurait pu être celle du RN.

Non, elle vient des modérés et de ceux qui n’en peuvent plus de voir une France dégradée, envahie de migrants et devenue la proie de violences que la police ne contient plus. Pire, comme à Saint Denis, les autorités qui bloquent des dealers se font agresser sur la voie publique comme le rappelait CNews mercredi matin.

L’allocution du Président, mercredi soir, n’a pas permis de dégager de vision claire sur la sécurité. 

Le chef de l’Etat aurait pu dire qu’il comptait sur la nouvelle composition de l’Assemblée pour apporter les réponses à l’insécurité qui plombe le moral des Français. Rien de tout cela. Bien sûr le mot « sécurité » a été prononcé. Mais il est intervenu en troisième point. Après le pouvoir d’achat et l’écologie. 

DES POPULATIONS SANS ARGENT ET SANS PROTECTION

C’est donc maintenant qu’il faut agir. Les Français réclament de la sécurité. Au même titre qu’ils réclament plus d’argent dans leur porte-monnaie. Ce sont d’ailleurs les plus modestes qui souffrent des deux maux. Dans les banlieues et les zones de non droit comme dans certains quartiers de Marseille, les populations sont à bout. Sans argent et sans protection. 

La nouvelle Assemblée de droite, unie sur cette question pourrait faire avancer les choses car c’est une question de bon sens. Agir, oui et maintenant pour un continuum de la sécurité efficace et renforcé.  Une chance pour la France. 

Comme le conclue mon ami Franz-Olivier Giesbert dans son éditorial du Point du 23 juin, les Français ont infligé un congé sans solde à Emmanuel Macron en lui envoyant une Assemblée marquée à droite. A lui maintenant de devenir raisonnable…. Et de laisser son premier Ministre prendre les décisions qui s’imposent. Sinon, de grands malheurs l’attendent !

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Directeur de la rédaction : Alexandre Carré