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Sécurité dans les stades : oublions le Qatar et passons aux JO 2024 – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Novembre 2022

Personne ne sait comment tournera la gestion de la sécurité autour de la coupe du monde de football au Qatar. La France, qui est intervenue comme conseillère auprès de l’émirat, avait prévu d’envoyer 2 000 agents français pour renforcer la sécurité. Il y avait un gros contrat en vue. Rien n’a été signé.

Et je comprends l’OPSE (Organisation des Professionnels de la Sécurité Evènementielle) qui fulmine car son expertise était la bonne. Mustapha Abba-Sany, son président avait remis une feuille de route qui est restée lettre morte.

Et je repense aux accords signés en plein été 2022. L’Assemblée Nationale avait pourtant ratifié un accord de partenariat avec le Qatar pour la sécurité de la coupe du monde.  

SÉCURITÉ AU QATAR, LA FRANCE PASSE A CÔTÉ.

Finalement, ce sont environ 200 gendarmes français qui ont été dépêchés là-bas. Rien de plus. On est loin des 2 000 agents privés qui devaient se rendre sur place et s’entrainer à la sécurisation de l’évènement, en amont de la coupe du monde de Rugby en 2023 et des JO 2024. Rien de tout cela ! Sans doute y-a-t-il là-dessous une question d’argent ? On se souvient qu’au cours du mois d’octobre dernier, notre confrère, Le Canard Enchainé, publiait un article très embarrassant sur le montant qu’aurait dû payer le Qatar pour indemniser l’envoi de troupes françaises sur place. Paiement des frais de déplacements mais aussi versement d’une prime spéciale destinée aux gendarmes.  Cela avait suffi à déclencher un scandale. Selon un article du Monde, paru le 10 octobre dernier, le ministère de l’Intérieur aurait fermé la porte à toute explication. Et du coup, ce qui devait être une vitrine pour la France et un camp d’entrainement pour préparer les futurs grands évènements français de 2023 et 2024, s’est transformé en camouflet. La sécurité sera assurée par des renforts turques, jordaniens et italiens. Dommage, car la France était attendue et considérée comme un modèle pour la sécurisation de la coupe du monde de football. C’est finalement Interpol Stadia qui dispose d’un budget de 10 millions de dollars qui a été chargé de gérer la question sécurité.


LA FRANCE DISPOSAIT D’UNE VRAIE EXPERTISE, LA VITRINE N’EXISTERA PAS

Du coup, on oublie le Qatar. Et pour l’OPSE, ce sont trois années de travail qui sont tombées à l’eau. Et tout le monde se demande maintenant comment la sécurité va être respectée là-bas dans l’Emirat. Le Qatar s’inquiète d’assister à des débordements et vient de décider vendredi d’interdire toute vente de bières aux abords de l’évènement, y compris dans les « fans zones », pourtant distantes du stade. Car oui, la crainte des violences ne fait que monter.

Que faire contre les hooligans ? La France garantissait une vraie expertise. Comment repérer les supporters les plus violents ? La France promettait des drones de surveillance. Comment détecter les risques de cyberattaques ? La France mettait en avant son savoir-faire dans la cyberdéfense. Finalement, seule, la sécurité de l’équipe de France et du super comité seront assurées. 10 agents sur place ont été envoyés. L’OPSE était pourtant en mesure d’assurer 90% des dispositifs de sécurité privée. Et tout cela était financé sans faire de vagues au sommet de l’Etat. Cela aurait bien aidé les PME de la sécurité privée. Adieu Qatar, désormais, on passe à autre chose.

Autre chose : c’est la coupe du monde de rugby en 2023 et les JOP 2024. Mais hélas, là aussi ça coince. J’ai pu m’entretenir avec Christian Bailly, vice-Président de l’OPSE et selon lui, les discussions n’avancent pas. Pas mieux que pour le dossier qatari !

POUR LES JO 2024, TOUJOURS PAS DE PLAN DE FORMATION

Selon nos informations, les inquiétudes continuent de monter autour de la gestion de la sécurité des JOP 2024. Il manquerait 20 000 agents pour assurer une sécurité de bon niveau. 20 000 personnes qu’il faut désormais identifier, recruter, former avec seulement un court délai d’un an et demi ! Or, selon l’OPSE, les plans de formation n’ont toujours pas été décidés ! Et je me dis qu’une fois encore, on va mettre en danger des entreprises de la sécurité privée qui ne demanderaient pas mieux de signer les contrats au plus vite pour sécuriser leur plan de charge. Et ce ne serait pas du temps perdu car cette main d’œuvre formée serait bien utile au pays, une fois l’évènement passé. La France disposera d’un volant d’agents de sécurité fiables et performants, marqué du label J0P 2024 ! Ce sera une belle référence pour le continuum de la sécurité ! Hélas, on traine et l’on reporte les décisions me dit Christian Bailly qui regrette une fois de plus les lenteurs du pouvoir. Le Qatar a déçu dans l’organisation de sa sécurité, la France est restée au bord du chemin. Alors me vient une suggestion : Faisons des JO et de la coupe du monde de Rugby une belle vitrine de la sécurité privée. Il ne reste qu’un GO pour les JO mais le chrono tourne vite. Alors évitons que la course au recrutement ne s’achève dans la précipitation.

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten