Accueil > Info > Le Regard d'Éric de Riedmatten > Sécurité aux JO, la course est lancée – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Sécurité aux JO, la course est lancée – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Éric de Riedmatten
Janvier 2023

L’intervention de Gérald Darmanin, au Sénat, mardi 24 janvier a donné le coup d’envoi de la phase de recrutements des agents de sécurité pour les Jeux Olympiques de 2024.

Il le fallait, il était temps. Les besoins sont connus ! Entre 20 000 et 22 000 hommes et femmes sont attendus sur le terrain de la sécurité. Selon les chiffres du ministère, 10 000 ont déjà été identifiés. Il faut donc encore trouver 10 000 à 12 000 agents ! Pas simple me dit-on chez les experts du recrutement.  On est à mi-parcours et le casse-tête ne fait que de commencer. Car le plus dur sera de trouver 10 000 personnes ayant au minimum 5 ans de résidence sur le territoire français pour avoir droit d’exercer une mission sécuritaire aux JO 2024. La loi de sécurité globale à en effet imposé cette règle ; ce qui exclut d’emblée le recrutement d’une main d’œuvre non Européenne sollicitée pour l’occasion.

De plus, l’OPSE (l’organisation professionnelle de la sécurité événementielle), souligne plusieurs zones d’ombres. Il y a d’abord le temps nécessaire à l’obtention des cartes délivrées par le CNAPS. Ce qui oblige les candidats à patienter deux mois minimum avant d’obtenir un agrément. Il y a le temps de délivrance d’une autorisation préalable, le temps de la formation évaluée à 106 heures puis le temps de la demande finale pour obtenir la carte professionnelle.

Pour les candidats, cela signifie trouver un job dans l’intervalle, le temps d’accomplir toutes ces démarches. Il leur faudra trouver un logement sans être assuré de décrocher l’emploi d’agent.

RECRUTEMENTS : PLUSIEURS SUJETS D’INQUIÉTUDES DEMEURENT

Il y a un autre sujet qui crée des inquiétudes. Il s’agit de la palpation des spectateurs féminins. Mustapha Abba-Sany, président de l’OPSE, me confiait que les spectateurs féminins représentent 40 à 50% des supporters qui se rendent sur les sites olympiques contre seulement 10% pour un match de foot. Or, il est désormais acquis que la palpation effectuée sur les spectateurs féminins ne pourra pas être assurée par des hommes. Et que cela va imposer un recrutement de main d’œuvre féminine exclusivement. La profession est plutôt démunie pour le moment face à cet impératif. 

NE PAS REVIVRE LE CAUCHEMAR DE LONDRES

Certes, Gérald Darmanin a promis de trouver les solutions dans l’hypothèse où la main d’œuvre viendrait à manquer. Car personne n’a oublié le fiasco du recrutement des agents de sécurité lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Informées trop tardivement et mal préparées, les entreprises sélectionnées par appel d’offre n’avaient pas trouvé la main d’œuvre suffisante. La société G4S, l’un des plus gros acteurs du secteur du gardiennage, avait pourtant été choisie par le CIO pour recruter et former 10 400 vigiles sur les 23 500 nécessaires. Mais quelques jours avant le coup d’envoi des cérémonies, il n’y avait que 4 000 agents disponibles.

PUISSE LA FRANCE NE PAS RÉPÉTER LES ERREURS DE TIMING DU PASSÉ

Le temps est un allié pour identifier, sélectionner, recruter puis former les acteurs de la sécurité qui auront la lourde tâche de contrôler 600 000 spectateurs le jour de l’ouverture des Jeux dont 100 000 seront massés le long des quais de Seine.  Les appels d’offre ont été lancés auprès des entreprises de sécurité. Mais selon mes informations, et au vu de ce qu’annonçait le directeur général du COJO, Etienne Thobois lors d’une conférence de presse, mercredi dernier, bon nombre d’entreprises n’auraient pas répondu, parmi lesquelles les plus réputées. Or, il s’agit là du premier appel d’offre qui porte sur 37% des lots.

Le temps presse d’autant que les JO ne vont pas commencer en juillet 2024 mais beaucoup plus tôt, dès le mois de mars, dans un an, avec la surveillance des sites stratégiques.

SÉCURITÉ AUX JO, UNE VITRINE FANTASTIQUE POUR LE CONTINUUM

Il me semble qu’il serait bon de mobiliser la profession et de prendre conscience de l’importance de l’enjeu des jeux. Cet évènement sera une vitrine fantastique pour notre pays. Ce sera aussi un appel d’air qui va permettre de faire venir de nouveaux candidats vers les métiers de la sécurité et disposer enfin d’un réservoir de main d’œuvre suffisant pour le long terme. Une manière aussi de confirmer l‘importance du continuum de la sécurité.

Maintenant, si les effectifs viennent à manquer, Gérald Darmanin sera contraint de recourir à l’armée. Et je ne suis pas certain qu’en termes d’image, la France en sortira vainqueur.

Eric de Riedmatten

Une émission Agora Médias
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten