Quand le privé traque les « poubelles » du net – Le Regard d’Éric de Riedmatten
Par Eric de Riedmatten
Mars 2023
Je vois les ordures s’accumuler dans les villes, surtout à Paris, où la maire encourage la grève ! Et cela ne s’est jamais vu dans le passé.
Comment la première magistrate d’une grande cité comme Paris peut-elle prendre parti à ce point ? Elle est la maire de tous les Parisiens et non d’un parti ou d’un syndicat ! Paris est devenue une ville poubelle. Et aucune issue n’est envisageable pour le moment.
Je souhaite faire le lien avec Internet et certains réseaux sociaux. Selon moi, le phénomène est similaire. Si l’on ne prend pas garde où l’on met les pieds quand on navigue sur les trottoirs d’internet, on peut être confronté à une vaste poubelle où tout un fiel s’amoncelle, au quotidien, sans contrôle et sans retenues. Il s’agit là d’un grand café du commerce que je n’ai plus envie de fréquenter ni de consulter tant il mine le moral de ceux qui se battent au quotidien pour communiquer ou faire avancer des idées saines et honnêtes.
PAS ASSEZ DE RÉPRESSIONS CONTRE LE FIEL QUI SE DÉVERSE SUR LE NET
Jusque-là, je n’ai pas entendu parler de répression efficace. Il est vraiment possible de déverser ce que l’on veut sur les réseaux sociaux. Dénigrer, accuser, porter atteinte à l’image d’un être ou d’une idée. Et même guillotiner virtuellement un chef d’État ! Tout cela me révulse. On peut être opposé à une réforme, on peut manifester et argumenter son dégoût pour une loi. Doit-on pour autant condamner à mort, avec une plume empoisonnée, tous ceux qui sont en désaccord avec vos positions ? Cela se voit tous les jours sur un grand nombre de réseaux mal contrôlés. On a même accusé le chef de l’État (lors de son intervention télévisée du 23 mars) de porter une montre à 80 000 € qui n’en vaut en fait que 2 400 ! Ou de se vêtir d’un costume Hermès à plus de 5 000 € alors qu’il s’agit d’un costume de chez Jonas à 450 €.
Je préférais l’humour de Marcel Dassault dans son Café du Commerce publié chaque semaine dans Jour de France. Gamin, je le fréquentais sans avoir peur de tomber sur des pédophiles ou des terroristes et des « haineux » qui exècrent la société alors qu’ils lui doivent beaucoup. Avant Internet, la haine n’avait pas atteint ce point. Vous me direz qu’il y avait déjà des bassesses qui circulaient dans la presse qui pouvaient coûter une élection à un chef de l’État. Je repense aux bijoux de Valéry Giscard d’Estaing offerts par l’Empereur Bokassa 1er. À cette époque, la presse savait manier la plume et vérifier ses informations. Le Canard Enchainé régnait en maitre et Minute savait taper là où ça fait mal.
UNE HAINE EN LIGNE QUI DÉPASSE TOUTES LES LIMITES
Cette haine, aujourd’hui, dépasse toutes les limites. Elle est sans filtre. Elle a condamné à mort ma consœur Christine Kelly qui avait eu le tort de faire une émission avec Eric Zemmour. Elle se répand sur Internet chaque fois qu’une personnalité prend la parole. Elle terrorise les leadeurs d’opinion. Je ne citerai pas ces réseaux. On les connait ! Même la Maison Blanche a déclaré vouloir interdire l’un d’entre eux considéré comme dangereux pour la sécurité nationale.
Et pire encore, certains réseaux et de nombreux sites Internet véhiculent des idées en faveur du terrorisme pur et dur à travers des « tutos » qui sont des modes d’emplois libres d’accès sur le web, au point qu’Europol lance une chasse sur Internet pour repérer et neutraliser tout ce qui pousse au crime et incite à la haine. Il est temps de s’activer.
J’en viens aux moyens déployés. Le secteur privé est désormais associé à cette traque qui vise à supprimer les modes d’emploi pour la fabrication d’armes et de bombes. Des ingénieurs du privé, des entreprises High-Tech, des startups agissent sous la direction du CEA Commissariat aux Énergies Alternatives et Atomiques pour éradiquer ce qui détruit depuis plusieurs années tout l’intérêt du Net. J’ai pu interviewer récemment Nizar Touleimat, le coordinateur du projet Startlight. Voilà une initiative fantastique qui pourrait bien changer les choses puisqu’elle associe 52 grands noms de la sécurité privée en Europe pour améliorer l’information sur le Net et traquer les propos abusifs. Avec l’Intelligence artificielle, il sera possible d’identifier le vrai du faux dans le domaine des « fake news » et éviter que le ChatGPT ne véhicule des propos diffamatoires.
LA SÉCURITÉ PRIVÉE DOIT MONTER EN LIGNE
Il était temps. Car le Web était bien la technologie rêvée pour s’informer jusqu’à ce qu’elle devienne un média mondial et incontrôlable. Doit-on laisser la haine se déverser ? Doit-on laisser en ligne les tutos qui nous apprennent à concevoir une bombe chimique comme on réalise une recette de cuisine ? Comme le souligne un article du Figaro paru il y a quelques semaines, l’ultra droite, l’ultra gauche et les incitations à la radicalisation religieuse se répandent sur Internet pour terroriser la planète et activer son prosélytisme. Il est urgent de mettre un filtre à tous ces agissements et de désintégrer tous ces tutos qui gangrènent Internet.
Europol est parvenu en quelques heures à isoler 120 contenus terroristes rédigés en cinq langues. Je croise les doigts pour qu’il en soit de même avec les messages de haine. Et que l’on lève enfin l’anonymat qui protège les auteurs. Et que de vraies réponses pénales soient activées.
Car les plaintes déposées n’aboutissent pas, puisque la haine hélas est anonyme. Léon Blum disait : « La calomnie est un poison sans antidote » ! Il y en a une : la traque puis la répression. À la sécurité privée d’apporter sa pierre et de monter en ligne pour assainir les rues du Net.
Eric de Riedmatten
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Éditeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe