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Les détectives, un exemple de réussite du continuum – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Présenté par Éric de Riedmatten
Février 2023

On en parle peu car ils incarnent un monde obscur et secret. Quand on évoque la profession de détective, on pense à Sherlock Holmes et aux enquêtes qui se déroulent dans les bas-fonds londoniens. Et pourtant, les détectives sont parmi nous. Ils sont partout. Ils sont un millier en France, avec une centaine de nouveaux diplômés chaque année. De vrais flics enquêteurs. De vrais fins limiers qui se fondent dans le paysage, qui mènent leurs enquêtes quand la justice fait défaut et que la police n’a pas les moyens d’organiser des filatures très spéciales.

Les détectives privés de plus en plus sollicités

Je lisais le Figaro du 13 février et j’apprends que de plus en plus de détectives privés sont sollicités pour enquêter sur les gourous. Un véritable drame pour notre société car ces gourous vendent leurs services sur Internet, manipulent les esprits et les populations sans que personne ne puisse rien faire. Pas même la justice.

Le confinement et la crise sanitaire ont donné un coup d’accélérateur à toutes sortes d’escroqueries vendues par des soi-disant magnétiseurs et autres sorciers prêts à extorquer des fonds aux familles tombées dans le piège. Mais déposer plainte et faire une main courante dans un commissariat ne donnent aucun résultat.  Sauf à contacter un détective privé, payé pour filer ces monstres manipulateurs. Le phénomène des sectes prend une ampleur que personne ne soupçonnait jusque-là. Ces enquêtes réclament parfois 3 mois de filature et aboutissent à des inculpations lorsque la Police finit par coopérer avec ces détectives.

Les détectives sont la pierre fondatrice du continuum de sécurité

Et je dis bravo à cette profession qui est la pierre fondatrice du continuum de sécurité. Un exemple de réussite où la sécurité privée pave le chemin d’une enquête financée par un particulier. Les forces de sécurité publique ne pourraient pas mener à leur terme de telles enquêtes faute de temps et de moyens. Déposer plainte dans un commissariat pour « embrigadement par une force supérieure » ne serait pas pris au sérieux ! Et je me dis que cet apport du privé est une véritable valeur ajoutée pour notre société. Une sorte de police parallèle et privée qui apporte sa pierre à notre sécurité financée par des particuliers.   C’est tout l’intérêt du continuum de sécurité qui fait ses preuves dans bien des situations. Sait-on par exemple que des agents privés sont également employés par des offices HLM pour enquêter, filer et même obtenir des expulsions lorsque des logements sont occupés indument et que les loyers ne sont plus payés. J’ai en mémoire l’action que mène le GPIS, Groupement parisien Inter-Bailleur de Surveillance dans 17 communes autour de Paris. Une sécurité para publique qui illustre bien ce que doit être le continuum de la sécurité.

Police et détectives, il est temps de travailler main dans la main

Derrière ces services, il y a du temps, de la patience, des hommes, des enquêtes et des filatures. Tout ce que les détectives, hommes et femmes de l’ombre, savent faire mais sans la reconnaissance qu’ils méritent et qu’ils réclament.

Je suis surpris de voir que cette profession est composée d’experts non reconnus par la Police et la justice ni même la Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (la Mivilude).    Il est donc urgent, à mon sens, de passer la vitesse supérieure, dans ce domaine, également. Car si l’on veut renforcer notre sécurité en France et mettre à l’abri du danger des personnes fragiles, proies d’escroqueries et de manipulations, il est temps de travailler main dans la main, comme le réclame Alexandre Laverze, secrétaire national du SNARP, Syndicat national des agents de recherches privées. Il serait utile, par exemple, de créer un circuit permettant d’échanger les informations entre les forces publiques et les forces de sécurité privée. Un gain de temps et une manière aussi de renforcer l’efficacité dans les enquêtes. C’est tout l’enjeu du continuum de sécurité.

On sait que depuis la loi du 18 mars 2003, les détectives privés sont placés sous l’autorité des commissaires de Police et des Officiers de Gendarmerie Nationale. Malgré cette tutelle, les détectives privés restent 100% indépendants. Ils ne sont pas contraints de dévoiler leurs sources. Reste à savoir si dans le cadre du continuum, leurs prérogatives pourraient être élargies ? Notamment en les laissant intervenir lorsqu‘une procédure pénale est ouverte. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Car finalement, les détectives et la Police sont rarement amenés à collaborer alors que leur champ d’action est proche.

Les bonnes volontés existent mais sont-elles vraiment optimisées ?

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Editeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe