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L’arme de paix qui veut sécuriser les entreprises – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Avril 2022

C’est l’histoire d’une capitale qui est devenue au fil du temps un nid d’espions. Et savez-vous pourquoi ? Parce qu’elle dispose du meilleur réseau métropolitain au monde. Que le nombre de stations, de couloirs et de bouches de métro y bat des records. Et que son dédale de rues en fait un repaire idéal pour les agents du renseignement, idéal aussi car il permet aux services secrets de se fondre dans la foule et d’échapper aux filatures. Paris capitale du renseignement. J’avoue que j’ignorais cette dimension que je réservais plutôt à Londres, avec ses quais brumeux et l’ombre de Sherlock Holmes. Mais les choses ont évolué.

Le renseignement que l’on appelait autrefois espionnage est devenu au fil du temps une arme de plus en plus utilisée par les administrations, les États, les entreprises. Et ce n’est pas pour rien que les Anglais l’ont baptisé « Intelligence » car le business de l’intelligence se développe très vite. 

L’infiltration permet d’anticiper les risques et de détecter la montée des périls. Comme le souligne Éric Denécé, ancien officier du renseignement, devenu expert et consultant pour les plus grandes entreprises françaises, obtenir des informations et se fondre dans la société est une façon de protéger une institution. Et finalement, c’est un service rendu à la société. Surtout à une époque où le vol de données se multiplie, et où le terrorisme est une menace permanente. L’intelligence économique n’est sans doute pas prise à sa juste valeur alors que les Chinois en ont fait une spécialité. Contrairement aux occidentaux, ils ont bâti depuis des années toute une stratégie pour conquérir le monde à travers l’intelligence économique, grâce à la collecte d’informations. Alain Juillet, que nous connaissons bien chez ANews Sécurité, le dit souvent : les dirigeants d’entreprises en France ne sont pas assez sensibilisés à cette question. Or, le renseignement peut devenir un bienfait pour les entreprises.

Ian Fleming était espion. Il a créé James Bond. Éric Denécé est un ancien officier des services secrets, il a créé le centre français du renseignement.

Un véritable observatoire que la France se devait de posséder car il permet de mieux comprendre le renseignement.

Non, les agents secrets (comme on les appelait autrefois) ne sont pas des barbouzes ou des espions de l’armée des ombres, ils sont des as du renseignement. Ils observent, analysent, collectent des informations et les restituent à la façon de consultants. Vous serez surpris en écoutant cette semaine l’émission « Face aux Syndicats » animée par Alexandre Carré d’apprendre que Paris abrite entre 10 000 et 15 000 espions. Mais qu’y font-ils et qu’observent-ils à longueur de journée ?

Vous serez étonnés de découvrir les nationalités les plus représentées parmi ces acteurs de la guerre de l’ombre. Une guerre qui se joue partout dans les entreprises, les administrations, les grands hôtels parisiens.

Le CF2R créé il y a 22 ans par Éric Denécé est aujourd’hui le seul et unique centre d’observation de la profession. Il intègre d’anciens agents chargés d’informer le pouvoir politique sur le rôle majeur du renseignement.

Le CF2R instruit le monde universitaire, il alimente les médias et publie des études et des synthèses. 

Intéressant d’apprendre que son rôle s’est renforcé à mesure que les périls montaient. Le drame du 11 septembre est à l’origine de sa création.

Puis les révolutions arabes, les conflits en Crimée puis en Ukraine, la montée de l’islamisme, le développement du sectarisme en entreprise ont renforcé la position du CF2R qui s’est imposé comme un apporteur d’expertises, finalement unique en son genre dans un milieu difficile à percer.

Que retenir de tout cela ?

Que là encore, le continuum de la sécurité s’impose dans le renseignement.

Car oui, la sécurité d’un pays, d’une entreprise et d’une société tout entière dépend du renseignement, qu’il soit privé ou d’ordre public. 

L’infiltration est la meilleure façon d’éviter les drames que nous connaissons depuis le 11 septembre 2001.

Les hommes politiques qui nous gouvernent ont-ils conscience de la valeur et de l’importance de ces services de l’ombre ? Pas toujours et c’est une erreur à l’heure où l’on parle de souveraineté et de protection de nos innovations.

Nous serions bien avisés de renforcer notre vigilance et notre veille dans les entreprises pour protéger nos technologies avant que celles-ci ne filent en Asie comme le TGV ou les Airbus que les Chinois ont dupliqué. Le renseignement économique est une arme de paix qui veille sur notre vie et qui ne fait pas du cinéma.

Un univers bien éloigné de l’ombre de James Bond.

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Directeur de la rédaction : Alexandre Carré