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La France s’énerve, la violence s’installe – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Mai 2022

La violence s’installe dans le pays et cela n’est pas bon. La violence a toujours existé direz-vous ? Oui, c’est vrai. Les enlèvements d’enfants avec demande de rançon, les braquages de banques, les vols de voitures et d’autoradios. Ce qui change, c’est le climat de violence permanent et qui oblige le passant à baisser les yeux pour éviter la confrontation. Je lisais ce week-end l’excellent éditorial de mon ami Franz-Olivier Giesbert dans Le Point. Sans nous concerter, nous avons eu la même approche. La haine est en marche dit-il, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Il y a en ce printemps beaucoup d’électricité dans l’air ajoute-t-il. Les hommes politiques s’insultent, se traitent de braillards, de « has been », de bâtards.

Alors oui : la nervosité post Covid s’empare du monde en général et de la France en particulier. Deux années d’enfermement et de privation ont accéléré les frustrations, les mécontentements et les soulèvements. On n’est plus dans la saute d’humeur mais dans l’énervement permanent où les uns ne supportent plus les autres et qui ouvre la voie à toutes les violences. 

Et moi, j’ajouterai ceci :

Comment voulez-vous (dans ce contexte) que le peuple se calme et retrouve un minimum de sens correct ? Toutes les valeurs qui font la force d’une société équilibrée, respectueuse des uns et des autres, ont disparu. Le vivre ensemble est un échec. Et la violence verbale s’ajoute à la violence des actes. Et curieusement, personne ne se dresse pour corriger ces travers qui minent notre société.

Le pouvoir d’achat a vampirisé le débat public. Certes, c’est important de gagner mieux sa vie mais est-ce l’essentiel ? De tout temps, les fins de mois ont été difficiles. Le problème, c’est que le sujet principal qui ruine notre société a été éclipsé du débat. La préoccupation sécuritaire s’est évanouie dans les enquêtes d’opinion publique. On nous promettait des renforts de forces de police, on nous promettait un continuum de la sécurité qui permettrait de faire respecter l’ordre à moindre frais. Ce thème a disparu. Et les courbes de délits continuent de croître.

L’ensauvagement est devenu notre ordinaire

Comme le dit Eric Delbecque dans l’émission Security Book que vous avez suivie sur ANews Sécurité il y a quelques jours, l’ensauvagement est devenu notre ordinaire. Son dernier ouvrage « L’Insécurité Permanente » révèle les causes de l’impuissance française. On y apprend aussi que le continuum de la sécurité est l’une des pistes à emprunter d’urgence pour que l’Etat reconquiert les territoires dont certains sont devenus des zones de non droit ou d’un autre droit, celui de la force. Face à la décivilisation, une action urgente s’impose.

Pour ma part, je suis de plus en plus choqué, voire consterné lorsque je découvre chaque jour dans la presse quotidienne régionale la prolifération des actes de violence. 

Je constate une chose.

La France devient nerveuse et violente. Le respect disparaît, on s’injurie aux caisses des hypermarchés parce que la file d’attente est trop longue, on s’en prend à des cyclistes sur des routes de campagne parce qu’un camionneur sans éducation a été ralenti sur son chemin. 

On ne peut accepter que des petits voyous à scooter débarquent place Vendôme avec des Kalachnikov pour voler quelques sacs de chez Chanel. Et tout cela dans l’indifférence la plus totale. Un acte lamentable qui enrichit les réseaux sociaux qui se pâment d’avoir pu diffuser une vidéo qui donne un sale exemple. Celui de pouvoir braquer qui l’on veut à tous les coins de rues. Quelle honte ! Et l’impunité française devant ce type d’actes odieux, encourage et encouragera cette délinquance me disait sur CNEWS l’un des représentants des syndicats de Police. 

Massacres à la tronçonneuse, une honte dans un pays comme la France.

Que dire de la recrudescence des vols de cultures chez les maraichers ? L’exemple des serres du Bas-Rhin, vidées de leurs courgettes et des concombres, ruinant 50% du revenu des producteurs. Les vignes arrachées puis pillées par des malfaisants… Et que dire de ces chênes centenaires coupés à la tronçonneuse dans la forêt de Rambouillet à Grosrouvre.

Déjà sept massacres à la tronçonneuse réalisés en France en quelques mois et 350 arbres disparus. Des opérations plus rentables que le trafic de drogue disent les victimes car en effet, cela rapporte plus et le risque est moindre.

Voilà ce qui doit changer dans ce pays. « La peur doit changer de camp » disait récemment Laurianne Rossi députée LREM. Elle a bien raison encore faut-il que son parti, rebaptisé Renaissance prenne le thème sécuritaire à bras le corps.

Personne n’a oublié que lors du débat présidentiel de l’entre-deux-tours, la sécurité est arrivée en fin de débat. Un peu comme si les sujets embarrassants devaient… débarrasser le plancher.

Je conclurai par un point : Le vrai énervement, le réel agacement il est plutôt de voir l’indifférence des pouvoirs publics à ne pas agir. Certes, on ne peut pas mettre un flic derrière chaque Français. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas développer le recours aux agents privés qui pourraient non pas se substituer mais s’ajouter aux forces de sécurité ? Le continuum est la solution. Il est urgent de le replacer au cœur des priorités des futurs gouvernants de ce pays, quels qu’ils soient après le 12 juin.

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Directeur de la rédaction : Alexandre Carré