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Intégration et diversité : ça marche dans la sécurité – Le Regard d’Éric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Novembre 2022

Je regarde l’ascenseur social en France. Et je me dis qu’il y a des métiers où cela fonctionne, où l’intégration fait son chemin. Des emplois attractifs où les salaires ne sont pas si mauvais qu’on le dit. Je pense aux métiers de la sécurité. J’ai pu m’entretenir avec Olivier Driffort, Président de l’UFACS (l’Union Française des Acteurs de Compétence en Sécurité). Il me le confirme : les entreprises ouvrent de plus en plus leurs portes à la diversité parce que la société évolue et que les métiers de la sécurité ont besoin de nouveaux profils. Mais on peut encore faire plus et mieux. Notamment en ce qui concerne la parité. Car oui, ce secteur emploie encore trop peu de main d’œuvre féminine. Pourquoi donc sécurité devrait rimer avec « gros bras » ?

BESOIN DE NOUVEAUX PROFILS : LA FORMATION JOUE UN RÔLE CLEF.

La formation doit pouvoir jouer un rôle clef pour faciliter l’accès à ces métiers. Les centres de formation qui se sont développés ont permis d’accélérer l’intégration des profils les plus variés.  Au point que le monde de la sécurité devient une référence et une vitrine positive qui pourrait inspirer bien d’autres secteurs.


Et il me semble que l’on pourrait aller encore plus loin et plus vite en termes d’intégration si le système pédagogique était rendu plus fluide, plus léger et plus simple dans son fonctionnement. A écouter le Président de l’UFACS, le travail en « distanciel » comme on l’appelle aujourd’hui pourrait connaitre une accélération si les modalités pédagogiques étaient moins lourdes. Et du coup, l’intégration et l’inclusion en seraient bénéficiaires car c’est une montée en compétences que l’on verrait surgir et qui profiterait au plus grand nombre.

Pourquoi ne pas ouvrir les métiers de la sécurité à l’alternance ou à l’apprentissage ? Ce n’est pas le cas aujourd’hui.


Je reste toujours étonné de voir des entreprises dans l’impossibilité de recruter alors que la formation professionnelle représente 33 milliards d’investissements par an. Soit 1,6% de notre PIB ! Et je comprends pourquoi l’UFACS réclame des alternants dans son secteur. Cela encouragerait les vocations. Apprendre le métier sur le terrain, tout en étant suivi par des cadres expérimentés, c’est ce que fait l’Allemagne depuis des années et que la France tente de rattraper. Et que dire des seniors, parfois abandonnés sur le bord de la route, faute de formation appropriée ! Imaginez l’arrivée massive de « sexagénaires » sur le marché du travail ! On verrait alors toute une main d’œuvre prête à reprendre le collier plutôt que de rester inscrite à Pôle Emploi. Quel vivier de compétences, tous ces informaticiens qui pourraient venir ensuite aider les jeunes à se lancer dans la vie active, notamment dans les métiers de la cybersécurité.

L’UNIVERS DE LA SECURITE EN AVANCE SUR SON TEMPS.

Oui, l’univers des métiers de la sécurité est en avance sur son temps. Il est même devenu un exemple à suivre car il a permis à de nombreux salariés issus de l’immigration, entre autres, de sortir du rang et de se hisser à de très hauts niveaux, et devenir dans bien des cas des dirigeants de société.   

Je lisais une étude récente réalisée par le site LinkedIn. Si les entreprises ouvrent leurs portes progressivement à la diversité, c’est aussi parce que les patrons investissent de plus en plus dans la D&I (diversité et inclusion) et qu’ils croient au management de l’intégration. Le Royaume-Uni figure d’ailleurs parmi les pays les plus en pointe avec 2 fois plus de directeurs de diversité que dans n’importe quel autre pays d’Europe. Suivis par l’Irlande, la Suisse et l’Allemagne. Le mouvement Black Lives Matter y est sans doute pour beaucoup mais c’est aussi parce que les entreprises de ces pays ont une ouverture d’esprit plus large et qu’il est temps, à mon sens, de donner une chance à tous ceux qui veulent travailler et s’investir dans la société pour apporter leur part, sans distinction de race ou de religion (encore que cette dernière doit rester invisible dans un pays laïque comme le nôtre).

LE MONDE DE LA SECURITE N’A PAS ATTENDU LE MOUVEMENT BLACK LIVES MATTER POUR AVANCER

En France, le monde de la sécurité n’a pas attendu le mouvement Black Lives Matter pour actionner l’inclusion. Comme me le disait Olivier Driffort, la sécurité a toujours ouvert ses portes à la diversité. Sécurité dans les aéroports, agents de surveillance, gardiennage…

Ne parlons pas seulement de profils issus de l’immigration mais voyons aussi l’intégration des personnes à mobilité réduite. Avec la crise sanitaire qui a rendu possible le télétravail, de nouveaux horizons se sont ouverts.  Et bon nombre de candidats, hier exclus de ces métiers, ont pu trouver leur voie grâce au travail distanciel. Pour eux, le monde de la sécurité est un secteur qui offre d’innombrables opportunités. Pensons aux métiers liés à la télésurveillance, à la cyber sécurité, au pilotage de drones, à la collecte d’information, ouverts aux personnes à mobilité réduite.  Voilà les futurs débouchés qui attireront de nouveaux profils et qui permettront d’accélérer l’inclusion et la diversité. Encore faut-il aussi que le délai d’obtention des cartes professionnelles ne soit pas un obstacle. Car le risque est grand de voir des jeunes candidats jeter l’éponge, découragés par les temps d’attente qui peuvent se prolonger jusqu’à 6 mois.

Bref, on le voit, les métiers de la sécurité sont aujourd’hui face à de nouveaux défis. L’amélioration de la formation, l’ouverture de la profession aux alternants et aux apprentis, le retour des seniors sur le marché du travail, et une accélération de l’inclusion et de la diversité. Oui, le monde de la sécurité est une vitrine de la modernité que pourrait envier le monde du travail.  

Eric de Riedmatten

Une émission Agora Médias
Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten