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Coupe du Monde de Rugby : le privé sera la clef de la sécurité – Le Regard d’Eric de Riedmatten

Par Eric de Riedmatten
Septembre 2023

C’est un déploiement de forces hors norme qui est prévu pour la coupe du monde de rugby. Je vois que cinq matches auront lieu à Bordeaux dès le 9 septembre (Irlande-Roumanie). Toute la ville est en état d’alerte. Cela me fait penser à une répétition générale avant les Jeux Olympiques qui se dérouleront l’année prochaine en France. Je lis dans la presse locale que 9 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés par le Préfet de la Nouvelle Aquitaine et que la sécurisation sera placée à un niveau maximum.

C’est carrément du jamais vu puisque des zones sensibles ont été délimitées avec l’appui d’agents de sécurité privée, composés d’éléments féminins qui pourront procéder aux fouilles jugées « délicates ». C’est aussi un point nouveau. Car la profession d’agents de sécurité n’est composée que de 15% de main d’œuvre féminine. C’est peu. Or, les évènements sportifs qui se préparent en France permettront une véritable évolution dans les structures d’organisation. Ce qui sera utile ensuite à la profession lorsque les évènements seront passés.

COUPE DU MONDE LE CONTINUUM EN PLEINE ACTION

Il est intéressant de constater que pour cet évènement, la sécurité privée servira de force d’appoint à la sécurité publique. C’est bien la preuve que le continuum sera de plus en plus indispensable chaque fois qu’il y aura des évènements majeurs. Et cela, pour ne plus revivre les ratées que la France a vécues dans le passé. Je pense au fiasco du stade de France lors de la ligue des champions au Stade de France en mai 2022. Le comité d’experts mandaté par l’UEFA n’a pas été tendre avec les autorités françaises. Le rapport publié en début d’année avait révélé que le dispositif composé de policiers et de gendarmes avait été sous-estimé. Et que ce dispositif avait été incapable de faire face aux attaques massives de délinquants. Ou de supporters violents et agressifs. Voilà ce qui ne doit plus se reproduire. « Nous sommes passés à côté d’une catastrophe majeure avec des centaines de victimes » concluait le rapport. Et l’on comprend qu’avec un bon partage des tâches entre public et privé, ce fiasco aurait pu être évité.

NE JAMAIS REVIVRE LE CHAOS DU STADE DE FRANCE

Pour répondre au nouveau besoin de main d’œuvre dans les métiers de la sécurité, j’apprends que l’Ecole Européenne de la Sécurité Privée organise des journées de formation accélérée en vue de la coupe du monde et des Jeux Olympiques et Paralympiques. Financées par Pôle Emploi, les sessions organisées à Versailles vont permettre de créer 3 000 postes d’agents. Un diplôme valable 3 ans va ouvrir des horizons nouveaux pour des étudiants qui cherchent un complément de revenu ou même un emploi solide pour le futur. La formation accélérée mènera à un BTS Management de la sécurité. Point important, de nombreuses femmes agents de sécurité ont répondu « présent » ce qui constitue une véritable évolution.

Parmi tous les jeunes candidats, 250 seront mobilisés sur les 11 matches de la coupe du monde. Voilà une mesure rapide, efficace et proactive. Mais qu’en sera-t-il ensuite ? Je m’inquiète quand je lis dans Le Figaro du 31 août que la pénurie d’agents de sécurité privée préoccupe les autorités. 20 000 agents doivent être formés ou recrutés ! On imagine le travail qu’il reste à faire. Le continuum a devant lui une lourde mission.

AGENT DE SÉCURITÉ : UN MÉTIER D’AVENIR SELON PÔLE EMPLOI

Je suis heureux d’apprendre que le métier d’agent de sécurité est une voie d’avenir et que des jeunes s’y intéressent. Dans un pays en proie à toutes les violences, où la main d’œuvre manque alors que le chômage reste à des niveaux inquiétants (7% alors que la France devrait être à 5%), Pôle Emploi valorise enfin les métiers indispensables à notre confort de vie. Je dis bravo car cela vient conforter le continuum de sécurité qui doit passer la vitesse supérieure et devenir le complément indispensable aux forces de sécurité publique

Et cela m’inspire une autre réflexion : à l’heure où l’intelligence artificielle s’apprête à s’emparer des métiers humains, il y a au moins une fonction qui ne sera pas remplacée par un robot, c’est celle d’agent de sécurité qui nécessitera toujours de l’analyse, un esprit de synthèse, et un bon dosage dans la réaction : Un métier d’avenir oui !

Eric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Editeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe