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Alerte sur les plages, sécurité privée plus que jamais – Le Regard d’Eric de Riedmatten

Par Éric de Riedmatten
Juillet 2023

On va manquer de CRS sur les plages cet été. Moins de surveillance et plus de risques. Voilà la conséquence des émeutes qui ont usé les forces de l’ordre désormais en sous effectif. Et comme l’autorité publique reste sur le pied de guerre, au cas où le feu repartirait, l’inquiétude monte partout sur les lieux de vacances.

C’est d’autant plus préoccupant que certaines plages comme les Sables-d’Olonne attendent jusqu’à 100 000 estivants pour le weekend du 14 juillet. Impensable d’en arriver là. « On serre les dents » disait vendredi un élu des Landes. Les collectivités vont devoir s’organiser différemment et compter de plus en plus sur les forces privées. Ou volontaires. C’est ainsi qu’en Normandie, plusieurs communes font appel aux pompiers volontaires pour épauler les forces manquantes. Et cela ne pourra pas durer disait samedi Jean-Michel Lurton, chef d’état-major des pompiers de la Manche.

Non seulement les risques liés aux jeux nautiques sont réels et imposent une surveillance de tous les instants mais en plus, les vols se multiplient dans les stations.

RECRUDESCENCE DE VOLS SUR LES PLAGES

Je lis dans un journal local d’Occitanie que des bandes venues des cités de Montpellier écument les plages de l’Hérault. Une quarantaine de mineurs s’en prennent aux voitures garées le long de la plage pendant que les estivants sont dans la mer. Ils opèrent avec leur scooter et s’emparent des clefs, des téléphones portables et porte-monnaies.

Et comme la surveillance est relâchée faute de moyens, les plaintes s’accumulent dans les gendarmeries et les commissariats. Les stations balnéaires essayent de recruter des agents privés mais la main d’œuvre manque. J’ai contacté des entreprises de sécurité. La réponse est claire : c’est la pénurie.

AGENTS DE SÉCURITÉ, UNE DENRÉE RARE

Avec les émeutes et la crainte pour les commerçants de se faire piller, la demande d’agents de surveillance a fait un bond sans précédent. L’association des Métiers de la Sécurité estime qu’il faudrait tout de suite 30 à 40 000 agents pour satisfaire les besoins liés à la surveillance des magasins, des plages et des lieux de loisirs. Un phénomène jamais vu jusque là en raison de la Loi de Sécurité Globale qui a durci les règles de formation et de recrutement.

Et puis le COVID a conduit de nombreux agents à quitter le métier faute d’activité pendant près de deux années. Maintenant, le problème de recrutement lié aux JO 2024 s’ajoute au reste. Et là encore, d’après les entreprises de sécurité, ce sont encore 40 000 agents qu’il faut trouver dans les 8 mois pour être prêt début mars lorsque les sites des JO devront être sécurisés et surveillés. Bref, cela fait 80 000 emplois à créer. Et pendant ce temps, l’insécurité en France continue de monter et les autorités publiques sont à bout de souffle.

INSÉCURITÉ, QUELLE EST LA LOGIQUE DE LA FRANCE ?

J’ai de plus en plus de mal à comprendre la logique de notre pays. Ce qui se prépare sur les lieux de vacances m’inquiète.

Les plages landaises attendaient 35 CRS. Ils ne viendront pas.

Une élue a même décidé de fermer une plage faute de surveillance ! C’est le cas de Moliets au sud de Mimizan qui a dû engager 11 surveillants privés. Une autre plage, celle de Biscarrosse va recruter 37 civils pour remplacer les 7 CRS absents.

Je pense aussi aux renforts de la sécurité civile avec l’apport des Maîtres Nageurs Sauveteurs qui seront seulement 140 cet été pour toute la France !

Ce n’est plus « alerte à Malibu » c’est carrément alerte à la sécurite avec un continuum qui doit très vite se renforcer. Incroyable de lire dans la presse locale que les horaires de baignades sous surveillance vont être diminués ! En pleines vacances d’été faute d’agent de surveillance, on baisse la qualité de service public.

APRÈS LA CASSE, LE CONTRIBUABLE PASSE À LA CAISSE

Moins de CRS et de police pour nous protéger cet été à cause des émeutes, cela est déjà choquant. Mais il y a un autre point inadmissible, c’est le coût des dégâts qui sera supporté par les contribuables.

Certes, ils ne sont plus que 44% à payer l’impôt sur le revenu et donc, beaucoup de Français se fichent de la facture finale.

Mais qui oserait dénoncer le fait que nos impôts vont contribuer à payer la casse des émeutiers alors que les parents sont responsables de leurs enfants mineurs.

C’est tout un service public qui se dégrade, se désagrège et qui ne profite pas suffisamment du relais de la sécurité privée bloquée par des règles de recrutement trop strictes.

Dans cette période troublée, les vacances d’été 2023 s’annoncent différentes et bien compliquées.

Ce sont des vacances marquées par des évènements successifs qui n’ont rien de réjouissant. Perte de pouvoir d’achat, pression maximale sur nos conditions de vie avec le changement climatique, crises à répétition avec le COVID, les retraites, les émeutes urbaines. Et maintenant, la certitude (et non plus le sentiment) de vivre en insécurité permanente.

Comme le dit le Maire de l’Hay les Roses, ça suffit !

Après les vacances, il sera urgent de penser au sursaut. Et que la casse ne soit plus prétexte à impacter nos services publics et notre sécurité.

Éric de Riedmatten

Directeur de la publication : Michaël Lejard
Chef d’édition : Eric de Riedmatten
Editeur : Agora Médias, une activité d’Agora Managers Groupe